Extrait de son interview parue dans le Midi Libre du 9 mars 2007.

Porte-parole de la Pétition des soignants, le professeur Olivier Jonquet est chef du service de réanimation médicale au CHU de Montpellier.

 

Que pensez-vous de l’initiative de ces 2 134 soignants [ndlr: qui disent avoir pratiqué l’euthanasie et le revendiquent] ?

Ils affirment ce qu’ils ont fait, d’autres l’ont dit avant eux. Mais ça n’apporte rien au débat. Ca relève de l’instrumentalisation d’un procès en plein milieu d’une campagne électorale. Pour les lobbies, type ADMD (Association pour le droit à mourir dans la dignité), c’est une tribune extraordinaire. Cette agitation me choque. Ce procès devrait se dérouler dans la sérénité.

 

Selon vous, la loi du 22 avril 2005 suffit…

Oui. Elle est assez équilibrée. Elle autorise le fait de limiter ou d’arrêter les traitements, avec l’accord de la famille ou des proches.

 

Cette loi n’apparaît-elle pas comme hypocrite ?

Non. Arrêter les traitements et mettre fin délibérément à la vie de quelqu’un sont deux choses différentes. Un médecin guérit, soulage, mais ne tue pas. Un médecin ne souffle pas sur la bougie.

 

Mais vous restez opposé à l’acharnement thérapeutique ?

Bien sûr. Quand quelqu’un va mourir, on ne le prolonge pas inutilement. Mais si on va au bout des choses, l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique découlent de la même logique, celle d’un médecin qui serait un simple mécanicien, dans un sens ou dans l’autre. Avec l’arrêt des traitements, tout peut être fini en quelques minutes mais ça peut durer encore quelques jours. Là, le médecin et son équipe doivent accompagner le patient et sa famille. Humainement, on voit des choses extraordinaires, comme des familles qui se retrouvent, se reparlent.

 

Si une loi était votée légalisant l’euthanasie ?

Je serais très déçu. Vous imaginez un malade se confiant à un médecin dont il sait qu’il a le pouvoir de le soigner mais aussi de le tuer ! Et quelle société schizophrène ! Il faudrait promouvoir l’enseignement des soins palliatifs alors que dans le même temps, on pourra donner la mort ? L’euthanasie n’est pas une solution. La solution c’est de savoir écouter les gens, de mouiller sa chemise. Quand le médecin et son équipe font ça, la demande d’euthanasie diminue toujours. Oui, toujours.

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